L’actualité nous rappelle sans cesse l’importance qu’ont pris le charbon puis le pétrole depuis environ deux siècles dans nos vies quotidiennes comme dans les grands enjeux mondiaux… Dans notre vie quotidienne, nous connaissons souvent la mesure des énergies que nous utilisons : le chauffage d’appoint consomme une puissance de 1 000 watts, une ampoule halogène consomme 150 watts, une ampoule LED à basse consommation représente environ 8 watts.

Mais quelles sont les proportions entre ces quantités d’énergie que nous manipulons chaque jour, l’énergie de notre propre corps et l’énergie contenue dans le pétrole ? En avant pour un petit exercice d’arithmétique avec quelques données qui sont rarement rapprochées…

Le corps humain au repos dégage une énergie estimée à 100 watts. C’est par exemple l’énergie de référence qu’il est nécessaire d’évacuer pour chaque personne présente dans une salle de conférence ou de cinéma – cela permet de dimensionner les appareils de climatisation.
Dans l’effort, les valeurs sont évidemment largement variables selon l’intensité de l’effort. Un bref effort extrêmement intense peut aller jusqu’à 1 000 watts, un effort important et soutenu sera autour de 200 watts. C’est par exemple l’effort d’un cycliste expérimenté roulant à la vitesse de 30 kilomètres / heure ; c’est l’effort physique soutenu d’un ouvrier travailleur ou paysan…
En retenant une puissance dans l’effort de 200 watts, la consommation d’énergie en 10 heures sera donc de 2 kWh. Avec cette énergie de 2 kWh, le cycliste aura parcouru 300 kilomètres…

À l’échelle de nos sociétés humaines, les énergies consommées sont mesurées en Tonnes Équivalent Pétrole (tep). Par définition, une tep vaut 11 628 kWh que nous arrondirons ici pour plus de facilité à 12 000 kWh. Un kilo de pétrole est donc équivalent à 12 kWh, c’est-à-dire l’énergie de 60 heures d’effort soutenu (200 watts). Avec cette énergie d’un kilo de pétrole, le cycliste aura parcouru 1 800 kilomètres, c’est-à-dire la distance de Lille à Naples ou Lille à Porto, de Marseille à Copenhague ou Marseille à Edimbourg, de Brest à Vienne.

Le lecteur me permettra dans cet exercice de prendre des libertés par rapport aux références légales sur les conditions de travail. Je considère ainsi que 60 heures de travail (1 kilo de pétrole) représentent une bonne semaine de bon boulot (6 journées de 10 heures).
On peut donc poser une nouvelle égalité dans laquelle 1 kilo de pétrole (soit environ 1,25 litre) correspond à 1 semaine d’huile de coude (ou de genou).

Je poursuis avec la même liberté et je considère qu’une année représente 50 semaines de ce même boulot, soit 50 kilos de pétrole. J’accepte la remarque que le travailleur soumis à de telles conditions est plus proche d’un esclave que d’un travailleur physique en Europe au début du XXI° siècle. Considérons alors que 50 kilos de pétrole mettent à notre disposition l’énergie et le travail d’un « esclave pétrole ».
Ainsi, une Tonne Équivalent Pétrole met à notre disposition 20 « esclaves pétrole » pendant une année pleine.
Quand nous consommons 1 kilo de pétrole (soit environ 1,25 litre), nous consommons le travail fourni en une semaine par un « esclave pétrole ». Quand nous consommons 1 tonne équivalent pétrole, nous consommons le travail fourni pendant 1 année pleine par 20 « esclaves pétrole ». Et n’oublions pas que le coût de ces « esclaves pétrole » est dérisoire : moins de 20 euros par an pour un baril à 50 euros, moins de 80 euros par an pour un prix moyen « à la pompe » de 1,30 euro.

Ce rapprochement de l’énergie contenue dans un kilo de pétrole avec l’énergie du corps humain nous confirme que le pétrole est une forme d’énergie extrêmement concentrée. C’est certainement une des raisons de sa très large utilisation jusqu’à nos jours.
Remercions encore chaque jour ces milliards d’« esclaves pétrole » majoritairement puisés dans les profondeurs de notre planète et qui contribuent largement à notre confort !!!

À suivre…

Alexis Epron, novembre 2016